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C'est trop bon !... (partie 1/2)


Le jeudi 06 février 2014 par Rootard Fixes

Ça faisait vraiment très très longtemps que j'avais envie d'essayer...

Je m'étais documenté...

J'avais lu des centaines de lignes sur le sujet dans différents forums internet...

J'avais visionné des dizaines de petites vidéos faites par des couteliers très différents...

J'avais même récupéré du matériel dans la maison familiale...

Bref, je voulais essayer de FORGER rountudiou !!!

Parce que le 'stock removal' c'est extra. Mais la forge... Sentir la chaleur du foyer, conduire son feu, maîtriser la chauffe de l'acier, décider comment on va le travailler, avec quel outil, selon quelle méthode pour obtenir le résultat souhaité, le bruit de l'enclume... Oui tout ça me faisait très envie.

J'avais essayé de le vivre, mais un peu par procuration. Au travers de vidéos bien entendu. Mais aussi sur les salons du couteau où les démonstrations de forge sont souvent au programme. Pas toujours simple toutefois de bien voir... J'avais même pris rendez-vous et rencontré un coutelier forgeron bien connu, qui avait très gentiment pris 3 heures de son temps pour allumer sa forge et me faire une démonstration privée... J'ai aussi eu droit à une démonstration de soudure à chaud d'acier au martinet.

Et depuis, j'avançais doucement dans cette histoire !

Il y a au moins deux ans, j'avais récupéré chez mon Père une vielle forge à ventilation manuelle. Elle servait de barbecue... Et depuis elle était au fond de mon garage, attendant le moment...

Il y a environ 1 an, j'avais eu l'occasion de récupérer un morceau d'un gigantesque IPN en me disant qu'il pourrait faire une belle enclume, ainsi qu'un tronçon de pin pouvant servir de billot pour poser l'IPN.

Et aujourd'hui, jeudi 6 février 2014, allez savoir pourquoi, je n'y tenais plus ! En plus la météo annonce la pluie pour les deux prochains jours. Comme j'étais à la maison cet après-midi, que j'avais encore du charbon de bois (difficile à trouver en cette saison), vers 16h00 j'ai enfilé un bleu de travail et direction le fond du garage.

Il ne m'a pas fallu bien longtemps pour m'installer et avoir un petit feu bien sympatique. J'attrape alors un morceau d'XC75 d'environ 10 cm x 1 cm et 3 mm d'épaisseur, et je le glisse dedans.



Hummmm comme elle faisait du bien cette douce chaleur des braises, par les températures encore fraîches de la journée...

Au bout de quelques minutes, mon acier semble à la bonne température... Ça y est je vais pouvoir taper dessus !!! Bon alors... que je n'oublie rien... ah oui, toujours commencer par la pointe... D'abord on fait un biseau, puis on retourne et on le rabat pour faire l'arrondi... Ensuite, on étire un peu l'acier, on marque le ricaso, on abaisse l'émouture... bon allez ok, voici des photos de l'ébauche de la lame.



Je suis assez content du résultat. Dans le prolongement de la lame, il s'agit de ma pince de forge bricolée maison... Il s'agit d'une tenaille à 2 euros que j'ai détrempée, et dont j'ai limé les mâchoires pour en faire une pince qui ne va pas si mal que ça.

Tiens au fait, vous voulez-voir aussi mon enclume ? Je peux vous dire que pour monter l'IPN seul sur le billot de bois, j'en ai un peu bavé...



Maintenant, passons au manche. J'ai décidé de faire un style brut de forge pour mon premier essai. Alors, il me faut étirer le métal, de plus en plus fin, de plus en plus rond... Après mise en forme de la lame, il me restait environ 4 cm de laminé, et voici ce que j'en ai fait.


Finalement, ça s'étire fort bien le XC75... Ça y est, en plus je commence à mieux comprendre jusqu'à quel point chauffer l'acier pour qu'il soit malléable. Je ressens à quel moment il faut cesser de frapper dessus, la température étant devenue trop basse pour travailler. Je comprends les mouvements que fait l'acier sous les coups de massette ou de marteaux. J'arrive à choisir lequel des deux utiliser en fonction du travail à effectuer...

Je vous le dis, c'est vraiment une expérience extraordinaire. A la hauteur de ce que j'espérais sans oser me lancer. Peut-être la peur d'une déception ?

Et maintenant, je vais tenter une torsade sur le manche... Une chaude localisée, deux pinces et zouip, un tour et demi. Pas trop mal... Une autre chaude un peu plus loin, les deux pinces et re-zouip, un tour et demi dans l'autre sens (j'avais vu ça dans une démonstration de forge au SCAT 2013)...

Bon assez joué, l'heure avance, le jour commence à baisser, je dois finir mon manche. Une nouvelle chaude et j'aplatis l'extrémité de la soie sur 1 cm, et je rabat le tout pour former un arrondi.



Voilà le résultat, brut de forge !...Ça va faire un petit couteau, l'arrondi se glisse parfaitement entre le majeur et l’annulaire, la prise en main est agréable.

Je suis tellement content de l'avoir fait ! Mais pour ce soir, la nuit va arriver, je n'ai plus de charbon de bois, donc je range.

Le recuit, je l'ai fait dans la cheminée familiale. En ces périodes d'hiver, on se chauffe au bois... Le couteau a donc été déposé sur lit de braises incandescentes, porté à l'orange naissant puis plongé dans un seau de cendres jusqu'à demain.

Quand il sera froid, mais je vous raconterai tout ça dans un autre billet...

Mots clés : fixe, forge, XC75